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Le grand scandale et l’injustice envers Judith Rigaud. Partie 1: Judith Rigaud et François Lemaistre.
par Robert Bérubé
Depuis que j’ai commencé à raconter des histoires au sujet des ancêtres de ma famille, j’ai toujours tenté de faire connaître des gens peu connus ayant vécu des expériences intéressantes ou extraordinaires. Habituellement, je dois faire des recherches assez approfondies pour être capable de donner vie à mon personnage. Aussi, depuis le début, je tente de parler plus souvent des femmes ancêtres que des hommes car les femmes ont été oubliées dans notre histoire.
Cette semaine j’ai choisi de parler d’une ancêtre qui est une femme exceptionnelle. La problématique c’est qu’on a beaucoup parlé d’elle. Je remarque que certains historiens du passé, semblent catégoriser les femmes de trois façons et bien entendu, je généralise. Il y a les femmes que l’on semble sanctifier, telles Marie de l’Incarnation, Marguerite Bourgeoys et autres religieuses, ensuite, certaines mères de famille qui sont reconnues seulement parce qu’elles ont donné naissance car on oublie leurs autres contributions et finalement les femmes de caractère! On vénère les saintes sans questionner rien à leur sujet, on louange la maternité en oubliant les autres réalisations de ces mères et on salit nos femmes de caractère, en s’en prenant surtout à leur vertu! Cette façon de faire est imprégnée de sexisme et est injuste envers les femmes qui en sont victimes. Si les femmes indépendantes et intéressantes doivent faire preuve de moeurs irréprochables pourquoi ne pas exiger la même chose des hommes, des religieux et des religieuses et de ceux en pouvoir? Le seul temps où l’on questionne la moralité des hommes c’est pour les rendre complices, des femmes accusées!
Le grand scandale de Judith Rigaud c’est que certains historiens ont choisi une femme de caractère, ils ont rendu sa vie scandaleuse par le mensonge, les innuendos, les insinuations et par la manipulation des faits.
J’ai trouvé plusieurs documents qui parlent de mon ancêtre Judith Rigaud. Il serait intéressant de faire une analyse et étude détaillées de toutes ces histoires! Ce que je présente dans ce présent texte et le prochain (partie 2), je l’affiche comme un début de recherche car je ne suis pas un historien!
Benjamin Sulte dans “Mélanges Historiques” en 1922 et Cyprien Tanguay dans “À travers les registres” en 1886, ne parlent pas en mal de Judith. Sauf, que Sulte mentionne le fait que E.-Z. Massicotte a une preuve que Judith a quitté son premier époux. Cependant, on ne peut trouver cette preuve nulle part! Donc, ce n’est pas une preuve mais du ouï-dire!
Les trois grands vilains dans cette affaire de destruction de caractère et de réputation sont: E.-Z. Massicotte, dans “Quelques montréalais au XVIIe siècle,” dans le “Bulletin des Recherches Historiques”, en 1942, Raymond Douville, dans “Chirurgiens, Barbiers-chirurgiens, et Charlatans de la région trifluvienne sous le régime français,” dans “Les Cahiers des Dix”, en 1950, et Raymond Douville, encore une fois, dans “La Dictature de la Famille Le Neuf,” dans “Les Cahiers des Dix” en 1955. Un des pires est le père Germain Lesage, O.M.I., dans son “Histoire de Louiseville, 1665-1960” en 1961. Ces historiens du passé sont à l’origine d’une grande injustice historique!
J’ai aussi consulté les travaux suivants: Robert Lionel Séguin, “La Vie libertine en Nouvelle-France au XVIIe siècle”, en 1972, Roland Auger, “Judith Rigaud”, dans le “French Canadian and Acadian Genealogical Review”, en 1981, Jacques Saintonge et Gérard Lebel “Nos Ancêtres 4” et la traduction de ce texte par Thomas J. Laforest,”Judith Rigaud” en 1988, Peter J. Gagné, “Before the King’s Daughters : the Filles à Marier, 1634-1662” en 2002, André Lefebvre,“Ces femmes soumises qui éduquèrent les Canayens”, en 2011, Hervé Pencalet “Une femme girouette: Judith Rigaud” en 2013, Loyd Duhaime,“The Musket and the Cane”, en 2014, Jeanne Mance Lavoie, dans la capsule historique du 350e anniversaire de Louiseville intitulée, “Une créatrice ingénieuse à la Rivière-du-Loup” en 2015. Malheureusement, ceux qui ont fondé leurs ouvrages sur les faits présentés par leurs prédécesseurs Massicotte, Douville et Lesage ont des textes fautifs. Il y a aussi plusieurs autres livres historiques qui répètent les faussetés. On peut excuser en partie, ce deuxième groupe d’écrivain, car ils présentaient des histoires avec les preuves du temps. Aujourd’hui nous avons accès à beaucoup plus de renseignements à cause de l’internet! Personnellement, j’aime beaucoup les écrits de certains de ces auteurs. Il faut comprendre que les recherches sont continues et apportent de nouveaux renseignements à tous les jours!
Michel Langlois dans son “Dictionnaire Biographique des Ancêtres Québécois” présente des biographies justes au sujet de Judith Rigaud, de François Lemaistre et de Jean Therrien en utilisant les documents originaux. (Tome 3 en 2000, Tome 4 en 2001)
En 2013, Suzanne Boivin-Sommerville publia une recherche intitulée: “Judith Rigaud: Has This Interesting New France Woman Been Treated Fairly in Published Articles?” Dans son document en anglais, elle corrige plusieurs faits erronés au sujet de Judith Rigaud. Elle secoue certaines des autorités historiques du passé qui ont présenté des textes dénudés d’authenticité.
En 2017, Mona Rainville publia un article intéressant: “Judith Rigaud ou le prix de la liberté au mariage”. Un article qui parle du procès entre Marguerite Le Gardeur et Judith Rigaud.
Donc, voici ma version de la vie de Judith Rigaud!
Judith Rigaud est née vers 1633, à Saint-Jean-d’Angély (Charente-Maritime), en France. Elle est la fille d’Élisée (Hélie) Rigaud et de Suzanne Dugas (du Gast). Son père était un instructeur de jeunesse. Lors du mariage de Judith, sa mère Suzanne Dugas était décédée. Les Rigaud-Dugas étaient calvinistes.
Judith Rigaud est considérée comme une devancière ou une fille à marier. La première mention à son sujet, en Nouvelle-France, est en 1651, lorsqu’elle avait été engagée par Marguerite LeGardeur en tant que servante. L’époux de Marguerite est Jacques LeNeuf de la Poterie. La famille LeGardeur-LeNeuf vit à Trois-Rivières. En 1651, seules quelques familles vivent dans le fort. Selon le droit français de ce temps, les LeGardeur-LeNeuf possédaient plusieurs droits sur leur employée Judith Rigaud, y compris le droit de s’opposer à son mariage durant le temps de son engagement.
Le 24 février 1654, Judith Rigaud contracte mariage avec François Lemaistre devant le notaire Ameau. Marguerite LeGardeur et Jacques LeNeuf signèrent le contrat de mariage en tant que témoins.

Copie du contrat de mariage
Le 6 mai 1654, Judith Rigaud épousa François Lemaistre dit Le Picard à Trois-Rivières. François est le fils de Fiacre Lemaistre et d’Anne Loyer. Selon le dossier Origine, il est né vers 1631 à Flers-sur-Noye (Saint Pierre) en France. François est arrivé en Nouvelle-France vers 1651, en tant que maître tailleur. Il avait été engagé par contrat le 5 juillet, 1651 à LaRochelle. Le contrat de mariage précise qu’il est “soldat en la garnison desdites Trois Rivières”.
Judith Rigaud et François Lemaistre sont parents des enfants suivants:
Nom | Naissance | Mariage | Décès | Conjoint(e) |
Pierre | 2 février 1655 Trois-Rivières | 8 janvier 1682 Trois-Rivières | 13 août 1711 Trois-Rivières | Anne Chenet Lagarenne |
François | 9 février 1656 Trois-Rivières | 7 janvier 1683 Trois-Rivières | 13 mai 1703 Montréal | Marguerite Poulin |
Louise | 29 juillet 1657 Trois-Rivières | 22 janvier 1676 | 2 novembre 1733 Louisbourg Acadie | Jacques Passard de la Bretonnière |
Noël | 24 décembre 1658 Trois-Rivières | Avant 1666 Trois-Rivières | ||
Marguerite | 16 février 1660 Trois-Rivières | Avant 1666 Trois-Rivières | ||
Jean-Baptiste | 24 octobre 1661 Trois-Rivières | 22 novembre 1696 Montréal | 14 avril 1710 Trois-Rivières | Catherine Godefroy |
Marie Marguerite | 23 janvier 1664 Trois-Rivières | 22 mai 1676 | Après 1695 | Christophe Gerbeau |
Charles | 15 avril 1666 Saint Jean du Perrot Larochelle | 11 octobre 1689 Montréal | Après 1713 | Madeleine Crevier |
Conflit Rigaud-LeGardeur:
On tente de présenter Judith comme une femme querelleuse et on dit que Madame Legardeur avait une faiblesse d’un jour lorsqu’elle consent au mariage.
Judith a commencé son service chez les LeGardeur-LeNeuf en 1651. Il faut préciser qu’entre 1651 et le 6 mai, 1654, une période de trois ans, les LeGardeur-LeNeuf étaient satisfaits du travail de Judith. Pour ceux qui font allusion à une multitude de différends entre Judith et LeGardeur pendant la période de trois ans, c’est inexact. La faiblesse d’un jour de Madame Legardeur est aussi une affirmation illusoire! Si nous comptons à partir du contrat de mariage, la période des bans, le mariage religieux et la date de la requête de Marguerite LeGardeur qui était le 19 mai 1654, c’est plutôt une faiblesse d’au moins trois mois. De plus, ce n’est pas la première fois que les LeGardeur-LeNeuf présentent une requête de remboursement de la part d’une servante ou d’autres employés. Le cas le plus analogue est celui d’Anne Lejonc servante de Michel LeNeuf qui vivait chez son frère Jacques. Elle voulait épouser Jean Demarais et LeNeuf refusa. De plus, il avait mis sous clés ses hardes et choses personnelles. Le résultat, un procès! Il faut être sympathique envers Judith qui était à la merci de Madame Legardeur jugée en position de pouvoir. Judith a brisé les meubles, lorsque madame LeGardeur refusa de lui donner ses vêtements. Dans sa requête Madame LeGardeur veut être remboursée pour des vêtements prêtés, elle veut une restitution des frais de paiements au recruteur, et un autre paiement, car Judith a quitté son service pendant la période des semences et avant le reste de son temps achevé car le contrat était une entente de cinq ans. Déroulement des événements: Le 24 février 1654: Contrat de mariage de Judith et de François. Bans du mariage Le 6 mai 1654: Mariage Le 19 mai 1654: Requête présentée par Marguerite LeGardeur Le 20 mai 1654: Demoiselle Marguerite LeGardeur présente un document écrit Le 23 mai 1654: Judith répond Le 13 juin 1654: Demoiselle Marguerite LeGardeur répond le 19 juin 1654: Décision de Pierre Boucher Madame LeGardeur met la décision en appel! Le 21 juillet 1654: De Lauzon présente le résultat de sa décision. Dans sa décision du 19 juin 1654, Pierre Boucher affirme que Judith est obligée de rembourser les Le Gardeur d’une somme de 102 livres pour rupture de contrat, pendant que ceux-ci doivent lui remettre ses vêtements qu’ils ont saisis: «Judith Rigaud et son mari rembourseraient Marguerite LeGardeur d’un montant de 102 livres et Marguerite LeGardeur devait retourner à sa domestique les biens personnels qu’elle avait confisqués». En ce qui concerne une réparation concernant le brie du contrat de cinq ans, le gouverneur a jugé contre Marguerite LeGardeur car elle: «avait signé le contrat de mariage et autorisé la publication de bans». Le gouverneur a aussi rejeté la demande de Marguerite LeGardeur concernant les dommages aux meubles causés par Judith. Le gouverneur a jugé que “le serviteur peut avoir eu des raisons de se comporter de telle manière et d’avoir causé des dégâts“. Pour ceux qui prétendent que Judith avait un mauvais caractère, il semblerait que les décisions étaient plutôt en faveur de Judith. |
Les réputations de Judith Rigaud et de François Lemaistre:
Plusieurs des auteurs radotent de façon maladroite et sans preuves le fait que Judith avait eu plusieurs amants avant son mariage. Douville (1955) va encore plus loin dans ses fabulations en suggérant que Judith avait eu un avortement! La réalité c’est que le docteur Plessais lui avait administré un lavement.
Les mêmes rédacteurs accusent François Lemaistre d’être un charmeur, un menteur, un grand buveur et un homme qui s’adonne aux jeux d’argent! Ils précisent aussi qu’il apparaît dans plus de 20 causes judiciaires entre les années 1654 et 1666 et ils révèlent que les cas sont de libelle, d’assaut et d’accumulation de dettes à cause de jeux d’argent! Une vérification des documents juridiques et légaux disponibles nous révèle le suivant: Le 23 octobre 1655: François achète une maison à Trois-Rivières. Le 10 juillet 1655: il réclame de Barthélémy Bertaud, un fusil qu’il lui a fait “raccommoder”. Le 24 novembre 1655: Jacques Besnard lui réclame 30 livres en castor pour du blé et des pois. François Lemaistre répond qu’il lui a remboursé en lui fournissant des chemises. François est un tailleur. Le 14 octobre 1656 : François Lemaistre, tailleur, est le demandeur dans une requête contre Baptiste Bourgery, défendeur. François lui demande de prouver ses accusations, à savoir qu’il traitait de l’eau-de-vie aux Amérindiens. Lemaistre est condamné à payer les dépens du procès pour s’être mis le premier à se quereller sur un avertissement fait en particulier par Pierre Boucher. Le 29 décembre 1656: Louis Pinard fait comparaître François parce qu’il lui a donné un soufflet et des coups de poing. François Lemaistre répond que c’est parce que Pinard l’a insulté. Le 13 juillet 1657: Nicolas Petit lui vend une terre de deux arpents de front, à Trois-Rivières dans la seigneurie des Jésuites. François Lemaistre la paie 50 livres et remet cette somme au nommé Parent au nom du vendeur. Le 7 mai 1658: Ignace Sevestre lui donne quittance de 186 livres qu’il devait à Charles Sevestre. Le 19 mai 1659: Florent Leclerc réclame de François, 200 livres pour une cabane qui a brûlée, suite à la négligence de ses serviteurs. On lui ordonne de fournir le travail pour reconstruire une autre cabane. Le 24 mai 1659: Une requête de Barthélemy Bertaut contre François Lemaistre, pour la somme de 36 livres gagnée au jeu est initiée. Ledit Lemaistre nie avoir perdu. Il est ordonné audit Bertaut de faire paraître des témoins. Le 18 août 1659: Pierre Dandonneau lui réclame 3 livres pour des dommages dans ses grains. Il doit payer les dommages. Le 20 novembre 1659: Pierre Ménard lui réclame 15 livres pour un fusil et une journée de travail. Il doit le rembourser de son temps. Le 10 janvier 1660: il réclame 4 livres à Pierre Larue. Le 25 septembre 1660: il réclame de Quentin Moral et Nicolas Petit un demi-minot de grain pour chacun de leurs cochons qu’il a surpris dans ses grains. Le 25 septembre 1660: Comparution de Judith Rigaud, femme de François Lemaistre, demanderesse, à la demande de François Bellenaut (Bellenaud) pour des soins médicaux prodigués et des visites effectuées par ce dernier audit Lemaistre. Le 25 septembre 1660: Le serment a été prêté par ledit le Lemaistre pour une somme de 15 livres due à Germain le Barbier. Le 8 novembre 1660: Il achète une terre de Jean-Mignault dit Châtillon au prix de 200 livres. Le 24 décembre 1660: Quentin Moral le fait comparaître devant le juge de Trois-Rivières pour qu’il défende à ses serviteurs d’aller puiser de l’eau dans sa mare. On défend à ses domestiques d’agir ainsi à l’avenir. Le 26 mars 1661: Jérôme Langlois lui réclame la somme de 22 livres et 5 sols pour son travail. Le 4 mars 1662: Il réclame 29 livres de Pierre Millet qui dit ne lui en devoir seulement que 25. Le 4 mars 1662: Il réclame de Christophe Crevier un canot que ses domestiques ont laissé au bord de l’eau et qui a été emportée par la marée. Le 17 mars 1662: quittance de Pierre Lepelé (deux minots de blé et deux minots de pois). Avril 1662: Sébastien Potet lui cède 60 livres pour des hardes que Michel Lemay et Élie Bourbeau lui devaient. Le 4 mai 1662: Jean Godefroy dit Lintot le fait comparaître parce qu’il l’a accusé d’être faussaire. François répond qu’il ne s’en souvient pas et s’il l’a fait il s’en excuse! Le 13 mai 1662, Jacques Ménard dit Lafontaine lui réclame une broche à rôtir. Ils doivent produire des témoins. Le 27 mai 1662: François Chapelle lui réclame 20 livres. François paye 18 livres et répare trois paires de souliers. Le 23 juin 1662: Comparution de François Lemaistre, représenté par sa femme, Judith Rigaud, adjudicataire pour la somme de 8 livres 6 sols, laquelle dit retenir entre ses mains car due par feu Pierre Guilloteau (Guillot) pour différentes marchandises. Le 4 juillet 1662: Il donne quittance de 31 livres à Alexandre Raoul. Le 29 juillet 1662: Il intente contre Nicolas Gatineau pour qu’il lui remette les marchandises du sieur Giton, selon ses ordres. Il doit produire un mémoire de ce qui a été acheté. Le 29 juillet 1662: Il réclame 41 livres de Quentin Moral qui dit avoir réglé cette affaire avec Judith Rigaud. Moral a huit jours pour fournir des preuves, qu’il ne fait pas. Le 7 août 1662: Il va en appel d’une sentence en faveur de Quentin Moral. Le 19 août 1662: Il réclame des dommages faits par les cochons de Quentin Moral. Le 13 janvier 1663: Il demande qu’un arrêt soit levé contre lui par Louis Godefroy de Normanville au sujet de la somme de 24 livres. Le 23 février 1663: Il déclare devoir 5 ou 6 pots de vin à Marguerite Hayet mais elle lui doit 30 livres. Le 6 mars 1663: Jean Godefroy dit Lintot déclare ne pas avoir payé 23 livres car les bestiaux de Lemaistre lui ont mangé 120 choux dans son jardin! Suite au discours de témoins, l’opposition de Godefroy est déclarée nulle. Le 4 avril 1663: Pierre Lepellé réclame 23 livres pour le bail de sa terre. Le 10 septembre 1663: Pierre Arrivé exige 29 livres pour son travail. Le 10 janvier 1665: Le marguiller Louis Pinard réclame 39 livres et cinq sils qu’il doit à l’église. Beaucoup de ces documents peuvent être repérés sur le site Pistar-BanQ. http://pistard.banq.qc.ca/unite_chercheurs/description_fonds?p_anqsid=201304222150233239&p_centre=04T&p_classe=TL&p_fonds=3&p_numunide=752119 Ce que nous pouvons conclure suite à la vérification des documents juridiques et légaux est le suivant: Il ne faut pas parler de seulement 20 causes mais plutôt d’une quarantaine. Lorsque l’on regroupe les causes selon des thèmes particuliers nous pouvons déterminer que le gros des causes (une vingtaine) ont affaire avec des transactions, des quittances, des paiements de salaires, des achats de marchandises, de prêt de marchandises. Nous pouvons conclure que François et Judith ne semblent pas endettés comme le préconisent certains auteurs, ils semblent plutôt gérants d’entreprises qui réussissent! Le deuxième regroupement des causes contient des ventes, des achats, des baux de terrains et de terres. Nous apprenons dans quatre causes que les Rigaud-Lemaistre ont des serviteurs et que ceux-ci causent des ennuis tels: une cabane brûlée; le fait qu’ils puisent l’eau dans un endroit défendu et qu’ils ne surveillent pas les cochons errant dans les grains du voisin et dans les jardins de choux. Il faut dire que les voisins Quentin Moral et Nicholas Petit ont des problèmes similaires avec leurs serviteurs. Nulle part y-a-t-il mention que François Lemaistre est un grand buveur, un charmeur et un menteur! Cependant, il a été accusé de vendre de l’alcool aux Amérindiens, ce qui n’est pas prouvé. S’il a vendu de l’alcool, il se retrouverait en très bonne compagnie car un bon nombre de nos ancêtres ont vendu de l’alcool aux Amérindiens. De plus, il y a davantage des causes concernant le paiement du banc d’église que de la vente d’alcool! Il est révélé dans une cause que François savait se défendre à coups de poings si on l’insultait. Nous apprenons dans une autre cause qu’il savait s’excuser s’il avait tort! Ma conclusion est que François et Judith étaient des gens qui savaient se défendre et qu’ils étaient aussi des habiles commerçants! |
La traite des fourrures:
Certains auteurs affirment que Judith possédait des qualités masculines car elle besognait dans les affaires, que peu de temps après leur mariage elle avait obligé son conjoint à s’impliquer dans la traite de fourrures pour qu’elle puisse obtenir de beaux meubles. Ils avancent sans fondement qu’elle ne s’occupait pas de ses enfants.
Les auteurs de ces bévues n’ont aucune preuve de ceci! Il est vrai que Judith s’occupait des affaires de famille car elle savait lire, écrire et signer son nom! Des critiques similaires sont faites au sujet d’une de ses voisines et contemporaines Marguerite Hayet épouse de Médard Chouart DesGroseillers. J’ai déjà parlé de cette ancêtre Marguerite Hayet dans: https://robertberubeblog.wordpress.com/2017/04/27/1646-linfluence-de-marguerite-hayet-aupres-des-explorateurs-radisson-et-desgroseillers-the-influence-of-marguerite-hayet-on-the-explorers-radisson-and-desgroseillers/ Pour ce qui est de la traite de fourrures, il serait plus probable de dire que François Lemaistre s’est lancé dans la traite des fourrures, sous les conseils de son ami des Médard Chouart DesGroseillers. Il faut se souvenir que des Groseillers était un des témoins pour François lors de la signature du contrat de mariage avec Judith. De plus, si on vérifie la liste des voisins, la grande partie des hommes font la traite. |
Le voyage en France 1665.
Durant l’été 1665, Judith Rigaud retourne à La Rochelle. Les auteurs ne se semblent pas être en accord sur les raisons du voyage. Certains disent qu’elle était allé établir des ententes commerciales, au nom de son conjoint, ce qui peut sembler plausible. D’autres disent qu’elle visitait sa parenté pour régler un héritage. Selon son témoignage au Conseil Souverain le 6 août 1668, elle était allé en France pour régler un héritage et elle apprend que ses biens en France avaient été vendus. Ceci est la raison qu’elle donne pour la pénurie d’argent à son retour.
Certains textes affirment fautivement qu’elle a laissé son mari et qu’elle a abandonné ses enfants. De plus son seul objectif selon les méprises est qu’elle tente de devenir une commerçante chevronnée. Un texte en particulier insinue qu’elle est enceinte et le père de l’enfant n’est pas François car Judith a un amant qui n’est pas identifié. Un autre dit qu’il y a une séparation conjugale! Les tisseurs de potins avancent que pendant que madame se promène et dépense, monsieur continue d’accumuler des dettes lui aussi et de plus, il boit car il est ivrogne! La réalité est que Judith est allée en France pour régler un héritage et par affaires car elle sait lire et écrire! Donc, entre les deux conjoints, elle est la personne la plus qualifiée pour s’occuper des commerces. Le contrat de mariage précise qu’elle sait lire et écrire tandis que François ne le sait pas. Elle n’est pas une mauvaise mère et épouse car entre 1655 et 1666, elle a donné naissance à au moins sept enfants. Il n’y a pas eu de séparation de biens, ni de séparation de corps documentés. Comme plusieurs femmes et hommes de ce temps, elle a fait la traversée pour visiter de la famille et par affaire. En ce qui concerne une séparation, si telle avait été le cas, elle n’aurait pas été enceinte lors de son départ. Nous ne pouvons pas déterminer si elle savait qu’elle était enceinte lors de son départ ou non. En ce qui concerne François, personne n’a fourni une preuve tangible encore qu’il était ivrogne. Pour ce qui est des dettes, ni François ni Judith s’attendaient à ce que François décède lors de son absence. J’avance que s’il n’était pas décédé que les affaires auraient continué sans difficultés. D’aucune façon, devons-nous douter de la paternité de l’enfant Charles, né le15 avril 1666 à Saint Jean du Perrot, Larochelle. |
Mort de François et retour de Judith
Au début janvier 1666, on retrouve François dans un champ, encore vivant avec une blessure sévère à la tête. Les gens qui le découvrent s’entendent que François Lemaistre est victime d’un assaut par un Iroquois. Il avait été assommé et scalpé. Il décède à Trois-Rivières le 14 janvier 1666 et il est enterré le même jour. L’acte de sa sépulture renferme les mots suivants : “Miserabiliter trucidatus est sine ulla voce interiit”, qui veut plus ou moins dire qu’il a été abattu d’une façon misérable et il est décédé sans reprendre son discours. Malheureusement, certains historiens insinuent que François a été tué non pas par des Iroquois mais quelqu’un qu’il connaissait car il avait des ennemis, qu’il buvait et s’adonnait aux jeux de fortunes. Encore une fois, ils ne fournissent aucune documentation!
De retour à Trois-Rivières en été 1666 accompagnée de son bébé, Judith apprend que François est décédé pendant son absence. Judith Rigaud se retrouve seule avec six enfants dont le bébé Charles. Ses enfants Noël et Marguerite sont décédés avant 1666. Le 6 août 1668, Judith comparaît devant le Conseil Souverain car les créanciers veulent être remboursés suite au décès de François. Elle explique qu’avec le peu d’argent qu’elle a retiré de son héritage en France, elle a payé les dettes de son conjoint et qu’il ne lui restait plus rien. Les demandeurs répliquent qu’elle a un lit valant 500 livres, de beaux habits qu’elle a troqués pour des pelleteries. Selon la coutume du temps, la veuve avait droit au lit. Judith demandait un délai pour payer les dettes. Le Conseil Souverain lui accorda trois années pour payer les dettes. J’assume que Judith a continué à marchander car les dettes ont été payées. La semaine prochaine: Judith Rigaud: partie 2 |
Un petit mot pour vous REMERCIER de lire mes textes! Pour ceux et celles qui m’encouragent, je vous remercie du plus profond du coeur! Je ne suis ni écrivain, ni historien! Je raconte des histoires! Je tente de les rendre aussi justes que possible par mes recherches. Cependant, il peut y avoir des erreurs. Certaines personnes m’ont fait remarquer diverses coquilles en privé et même publiquement et j’ai eu la chance de corriger les histoires pour les rendre plus congruentes. Je suis reconnaissant envers ces gens. Je remercie aussi les individus qui me demandent la permission avant de partager, copier, et répéter mes textes.
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The Great Scandal and the Injustice Towards Judith Rigaud.
Part 1: Judith Rigaud and François Lemaistre
by Robert Bérubé
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Since I began to tell stories about my family ancestors, I have always tried to share the life of little-known people who have had interesting or extraordinary experiences. Usually, I have to do some thorough research to be able to give life to my character. Since the beginning of this project, I have tried to talk more often about women ancestors than men because women have been forgotten in our history.
This week I chose to talk about an ancestor who is an exceptional person. The problem is that people have talked a lot about her. I notice that some historians of the past seem to categorize women in three ways and of course I generalize. There are the women that seem to be sanctified, such as Marie de l’Incarnation, Marguerite Bourgeoys and other nuns, then some mothers of families who are recognized only because they gave birth because their other contributions are forgotten and finally women of character! We venerate the saints without questioning anything about them, we praise motherhood by forgetting the other achievements of these mothers and we dirty our women of character, especially by attacking their virtue! This practice is imbued with sexism and is unfair to women who are victims of it. If independent and interesting women have to show irreproachable morals, why not demand the same thing from men, from religious people and from those in power? The only time when the morality of men is questioned is to make them accomplices, of women accused!
The great scandal concerning Judith Rigaud is that some historians have chosen a woman of character, they have made her life scandalous by lies, innuendos, insinuations and manipulation of facts.
I found several documents that speak of my ancestor Judith Rigaud. It would be interesting to make a detailed analysis and study of all these stories! What I present in this text and the next (part 2), I post it as a beginning of research because I am not a historian!
Benjamin Sulte in “Mélanges Historiques” in 1922 and Cyprien Tanguay in “À travers les régistres” (Through the Registers) in 1886, do not speak ill of Judith. Except that Sulte mentions the fact that E.-Z. Massicotte has proof that Judith had left her first husband. However, this evidence cannot be found therefore it becomes hearsay.
The three great villains in this case of destruction of character and reputation are: E.-Z. Massicotte, in “Quelques montréalais au XVIIe siècle” (Some Montrealers in the Seventeenth Century), in the “Bulletin des Recherches Historiques”, in 1942, Raymond Douville, in “Chirurgiens, Barbiers-chirurgiens, et Charlatans de la région trifluvienne sous le régime Français” in “Le Cahiers des Dix” in 1950, and Raymond Douville, again, in” La Dictature de la Famille LeNeuf” (The Dictatorship of the Family Le Neuf), “in “Les Cahiers des Dix” in 1955. One of the worst is Father Germain Lesage, OMI, in his “History of Louiseville, 1665-1960″ in 1961. These historians of the past are at the origin of a great historical injustice!
I also consulted the following works: Robert Lionel Séguin, “La Vie libertine en Nouvelle-France au XVIIe siècle” (The Libertine Life in New France in the 17th Century), in 1972, Roland Auger, “Judith Rigaud”, in the “French Canadian and Acadian Genealogical Review”, in1981 , Jacques Saintonge and Gérard Lebel “Nos Ancêtres 4” (Our Ancestors 4) and the translation of this text by Thomas J. Laforest, “Judith Rigaud” in 1988, Peter J. Gagné, “Before the King’s Daughters: The Filles à Marier, 1634-1662” in 2002, André Lefebvre, ““Ces femmes soumises qui éduquèrent les Canayens” (These submissive women who educated the Canayens), in 2011, Hervé Pencalet ““Une femme girouette: Judith Rigaud” (A weather vane woman: Judith Rigaud) in 2013, Loyd Duhaime, “The Musket and the Cane”, in 2014, Jeanne Mance Lavoie, in the historic capsule of Louiseville’s 350th anniversary entitled ““Une créatrice ingénieuse à la Rivière-du-Loup” (An Ingenious Creator at Rivière-du-Loup) in 2015. Unfortunately, those who have based their works on the facts presented by their predecessors Massicotte, Douville and Lesage have erroneous texts.
There are also several other historical books which repeat the falsehoods. One can excuse in part, this second group of writers, for they presented stories with the knowledge of the time. Today we have access to much more information because of the internet! I personally like the writings of some of these authors. It must be understood that research is ongoing and provides new information every day!
Michel Langlois in his “Dictionnaire Biographique des Ancêtres Québécois” presents correct biographies about Judith Rigaud, François Lemaistre and Jean Therrien, using the original documents. (Volume 3 in 2000, Volume 4 in 2001)
In 2013, Suzanne Boivin-Sommerville published a research study entitled “Judith Rigaud: Has This Interesting New France Woman Been Treated Fairly in Published Articles?” In her document in English, she corrects several erroneous facts about Judith Rigaud. She challenges some of the historical authorities of the past who have presented texts stripped of authenticity.
In 2017, Mona Rainville published an interesting article: ““Judith Rigaud ou le prix de la liberté au mariage”.(Judith Rigaud or the price of Freedom at Marriage). An article about the trial between Marguerite Le Gardeur and Judith Rigaud.
So here is my version of Judith Rigaud’s life!
Judith Rigaud was born around 1633 in Saint-Jean-d’Angély (Charente-Maritime), France. She is the daughter of Élisée (Hélie) Rigaud and Suzanne Dugas (du Gast). Her father was a youth instructor. At Judith’s wedding, her mother, Suzanne Dugas had died. The Rigaud-Dugas were Calvinists.
Judith Rigaud is considered a predecessor or a girl to be married. The first mention of her in New France was in 1651, when she had been hired by Marguerite LeGardeur as a servant. The husband of Marguerite is Jacques LeNeuf de la Poterie. The LeGardeur-LeNeuf family lives in Trois-Rivières. In 1651, only a few families lived in the fort. According to French law of that time, the LeGardeur-LeNeuf had several rights over their employee Judith Rigaud, including the right to oppose her marriage during the period of her contract.
On February 24, 1654, Judith Rigaud contracted marriage with François Lemaistre before the notary Ameau. Marguerite LeGardeur and Jacques LeNeuf signed the marriage contract as witnesses.

A copy of the last part of the marriage contract.
On May 6, 1654, Judith Rigaud married François Lemaistre, dit Le Picard in Trois-Rivières. François is the son of Fiacre Lemaistre and Anne Loyer. According to the Origin dossier, he was born around 1631 in Flers-sur-Noye (Saint Pierre) in France. Francis arrived in New France around 1651, as a master tailor. He had been contracted on July 5, 1651 in LaRochelle. The marriage contract specifies that he is “soldier in the garrison of the said Three Rivers”.
Judith Rigaud and François Lemaistre are parents of the following children:
Name | Birth | Marriage | Death | Spouse |
Pierre | 2 feb. 1655 Trois-Rivières | 8 jan. 1682 Trois-Rivières | 13 aug. 1711 Trois-Rivières | Anne Chenet Lagarenne |
François | 9 feb. 1656 Trois-Rivières | 7 jan. 1683 Trois-Rivières | 13 may 1703 Montréal | Marguerite Poulin |
Louise | 29 july 1657 Trois-Rivières | 22 jan. 1676 | 2 november 1733 Louisbourg Acadie | Jacques Passard de la Bretonnière |
Noël | 24 december 1658 Trois-Rivières | Before 1666 Trois-Rivières | ||
Marguerite | 16 feb. 1660 Trois-Rivières | Before1666 Trois-Rivières | ||
Jean-Baptiste | 24 october 1661 Trois-Rivières | 22 november 1696 Montréal | 14 april 1710 Trois-Rivières | Catherine Godefroy |
Marie Marguerite | 23 jan. 1664 Trois-Rivières | 22 may 1676 | After 1695 | Christophe Gerbeau |
Charles | 15 april 1666 Saint Jean du Perrot Larochelle | 11 october 1689 Montréal | After 1713 | Madeleine Crevier |
The Rigaud-Legardeur Conflict:
An attempt is made by certain writers to portray Judith as a quarrelsome woman, and Madame Legardeur is said to have had a weakness of a day when she consents to the marriage.
Judith began her service with the LeGardeur-LeNeuf in 1651. It should be noted that between 1651 and May 6, 1654, a period of three years, the LeGardeur-LeNeuf were satisfied with Judith’s work. For those who allude to a multitude of disputes between Judith and LeGardeur during the three-year period, this is incorrect.
Madame Legardeur’s weakness of one day is also an illusory assertion! If we count on the marriage contract, the banns, the religious marriage and the date of the request of Marguerite LeGardeur which was May 19, 1654, it is rather a weakness of at least three months.
In addition, it is not the first time that the LeGardeur-LeNeuf have submitted a request for reimbursement from a maid or other employees. The most analogous case is that of Anne Lejonc servant of Michel LeNeuf who lived with his brother Jacques. She wanted to marry Jean Demarais and LeNeuf refused. Moreover, he had locked up her clothes and personal things. The result, a lawsuit!
One must be sympathetic to Judith, who was at the mercy of Madame Legardeur judged in a position of power and authority. Judith broke the furniture when Madame LeGardeur refused to give her her clothes. In her application, Madame LeGardeur wants to be reimbursed for clothes loaned, she wants a return of the costs of payments to the recruiter, and another payment because Judith left her service during the seeding period and before the end of the contract period which was a five-year agreement.
Chronological Events of the Dispute:
February 24, 1654: Marriage contract of Judith and François.
Wedding Bans
May 6, 1654: Marriage
May 19, 1654: Motion by Marguerite LeGardeur
May 20, 1654: Demoiselle Marguerite LeGardeur presents a written document
May 23, 1654: Judith responds
June 13, 1654: Demoiselle Marguerite LeGardeur answers
June 19, 1654: Decision of Pierre Boucher
Madame LeGardeur appeals the decision!
On July 21, 1654: De Lauzon presented the result of his decision.
In his decision of June 19, 1654, Pierre Boucher stated that Judith was obliged to refund the Le Gardeurs a sum of 102 livres (pounds) for breach of contract, while the latter had to give her the clothes they had seized: “Judith Rigaud and her husband would reimburse Marguerite LeGardeur in the amount of 102 livres and Marguerite LeGardeur was to return to her servant the personal property which she had confiscated “.
Regarding a remedy concerning the interruption of the five-year contract, the governor tried against Marguerite LeGardeur because she “signed the marriage contract and authorized the publication of bans”.
The governor also rejected Marguerite LeGardeur’s request for damages to furniture caused by Judith. The governor has ruled that “the servant may have had reason to behave in such a way and to have caused damage”.
For those who claim that Judith had a bad temper, it would seem that the decisions were more in favor of Judith.
Judith Rigaud’s and François Lemaistre’s Reputations:
Many of the authors clumsily ramble without proof about the fact that Judith had had several lovers before her marriage. Douville (1955) goes even further in his fabulations by suggesting that Judith had had an abortion! The reality is that Dr. Plessais had given her an enema.
The same writers accuse François Lemaistre of being a charmer, a liar, a great drinker and a man who gambles! They also specify that he appears in more than 20 legal cases between the years 1654 and 1666 and they reveal that the cases are of libel, assault and the accumulation of debts because of gambling!
An audit of available legal and legal documents reveals the following:
October 23, 1655: François bought a house in Trois-Rivières.
On July 10, 1655, he demanded of Barthelemy Bertaud, a gun that he made him “mend”.
November 24, 1655: Jacques Besnard demanded 30 pounds in beaver for wheat and peas. François Lemaistre replied that he refunded him by providing him with shirts. François is a tailor.
October 14, 1656: François Lemaistre, the tailor, is the plaintiff in a motion against Baptiste Bourgery, defendant. François asked him to prove his accusations, namely that he was selling alcohol to the Amerindians. Lemaistre is condemned to pay the costs of the trial for having first quarreled over a warning made in particular by Pierre Boucher.
December 29, 1656: Louis Pinard summoned François because he gave him a blow to the head and punched him. François Lemaistre replied that it happened because Pinard had insulted him.
On July 13, 1657: Nicolas Petit sold him a land of two arpents frontage, at Trois-Rivières in the seigneury of the Jesuits. François Lemaistre pays him 50 livres and pays this sum to Parent in the name of the seller.
On May 7, 1658: Ignace Sevestre gave him a receipt of 186 livres which he owed to Charles Sevestre.
May 19, 1659: Florent Leclerc claims from François, 200 pounds for a cabin that burned, due to the negligence of his servants. He is ordered to provide the work to rebuild another hut.
May 24, 1659: A request of Barthelemy Bertaut against François Lemaistre, for the sum of 36 pounds gained in gambling is initiated. Lemaitre denies having lost. Bertaut is ordered to bring witnesses.
August 18, 1659: Pierre Dandonneau claims 3 pounds for damage to his grain. He must pay the damages.
November 20, 1659: Pierre Ménard claims 15 pounds for a rifle and a workday. He must repay him for his time.
January 10, 1660: he claims 4 pounds from Pierre Larue.
On September 25, 1660, he demanded from Quentin Moral and Nicolas Petit a “demi-minot” of grain for each of their pigs which he caught in his fields.
September 25, 1660: Appearance of Judith Rigaud, wife of François Lemaistre, applicant at the request of François Bellenaut (Bellenaud) for medical care and visits by the latter to Lemaitre.
September 25, 1660: The oath was made by Lemaitre for a sum of 15 pounds due to Germain Le Barbier.
November 8, 1660: He bought and from Jean-Mignault dit Châtillon for 200 pounds.
On December 24, 1660, Quentin Moral ordered him to appear before the judge of Trois-Rivières to forbid his servants to go and draw water from his water pool. His servants are forbidden to do so in the future.
March 26, 1661: Jérôme Langlois claims from him the sum of 22 pounds and 5 sols for his work.
March 4, 1662: He claims 29 pounds from Pierre Millet who says that he owes him only 25.
March 4, 1662: He claims from Christophe Crevier a canoe that his servants left at the water’s edge and that was washed away by the tide.
March 17, 1662: Receipt from Pierre Lepelé (two minots of wheat and two minots of peas).
April 1662: Sebastien Potet yielded to him 60 livres for clothes that Michel Lemay and Élie Bourbeau owed him.
May 4, 1662: Jean Godefroy dit Lintot makes him appear because François accused him of being a forger. Francois replies that he does not remember and if he did state that then he apologizes!
On May 13, 1662, Jacques Ménard dit Lafontaine demanded a roasting pin. They have to produce witnesses.
May 27, 1662: Francois Chapelle claims 20 livres. François pays 18 livres and repairs three pairs of shoes.
June 23, 1662: Appearance of François Lemaistre, represented by his wife, Judith Rigaud, adjudicator for the sum of 8 pounds, 6 sols, which says to hold in her hands because it was due to them by the late Pierre Guilloteau (Guillot) for different goods.
July 4, 1662: He gives receipt of 31 livres to Alexandre Raoul.
July 29, 1662: He requests that Nicolas Gatineau hand over the goods of the Sieur Giton, according to his orders. He must produce a brief of what has been purchased.
July 29, 1662: He claims 41 pounds from Quentin Moral who says that he has settled this case with Judith Rigaud. Moral has eight days to provide evidence, which he does not.
August 7, 1662: He appeals an award in favor of Quentin Moral.
August 19, 1662: He claims, damages made by the pigs of Quentin Moral.
January 13, 1663: He asks that a judgment be stopped against him by Louis Godefroy of Normanville concerning the sum of 24 pounds.
February 23, 1663: He declares owing five or six pots of wine to Marguerite Hayet but she owes him 30 pounds.
March 6, 1663: Jean Godefroy dit Lintot declares not to have paid 23 pounds because Lemaistre’s cattle have eaten 120 of his cabbages, in his garden! Following the comments made by witnesses, the opposition of Godefroy is declared null.
April 4, 1663: Pierre Lepellé claims 23 livres for the lease of his land.
September 10, 1663: Pierre Arrivé requires 29 livres for his work.
January 10, 1665: The Church warden Louis Pinard claims 39 pounds and five sils that he owes to the church.
Many of these documents can be found on the Pistar-BanQ website.
What we can conclude from a fast audit of the judicial and legal documents the following:
We should not talk about only 20 cases, but rather about forty. When we group together the causes according to particular themes, we can determine that the bulk of the cases (about twenty) deal with transactions, receipts, wage payments, purchases of goods, loan of goods. We can conclude that François and Judith do not seem indebted as some authors suggest, they seem to be managers of successful enterprises!
The second grouping of cases contains sales, purchases, and leases of land.
We learn from four causes that the Rigaud-Lemaistre have servants and that these cause much trouble: a burned cabin; the fact that they draw the water in a forbidden place and that they do not watch the pigs wandering in the grains of the neighbor and in the cabbage gardens. It must be said that the neighbors Quentin Moral and a Nicholas Petit have similar problems with their servants.
Nowhere is there mention that François Lemaistre is a drinker, a charmer and a liar!
However, he was accused of selling alcohol to the Amerindians, which is not proven. If he sold alcohol, he would be in very good company because a lot of our ancestors sold alcohol to the Amerindians. Moreover, there are more cases concerning the payment of the church bench than cases regarding the sale of alcohol!
It is revealed in a cause that François knew how to defend himself with punches if he was insulted. We learn from another cause that he knew how to apologize if he was wrong!
My conclusion is that Francis and Judith were people who knew how to defend themselves and that they were also skilled business people!
The Fur Trade
Some authors claim that Judith possessed masculine qualities because she was involved in business, that shortly after their marriage, she had forced her husband to become involved in the fur trade so that she could obtain fine furniture. They argue that she does not care for her children.
The authors of these blunders have no proof of this! It is true that Judith took care of family business affairs because she knew how to read, write and sign her name! Similar critics are made about one of her neighbors and contemporary Marguerite Hayet wife of Médard Chouart DesGroseillers. I have already spoken of this ancestor Marguerite Hayet in: https://robertberubeblog.wordpress.com/2017/04/27/1646-linfluence-de-marguerite-hayet-aupres-des-explorateurs-radisson-et-desgroseillers-the-influence-of-marguerite-hayet-on-the-explorers-radisson-and-desgroseillers/
As far as the fur trade is concerned, it would be more likely to say that François Lemaistre entered the fur trade under the advice of his friend Médard Chouart DesGroseillers. It should be remembered that Groseillers was one of the witnesses for François at the signing of the marriage contract with Judith. Moreover, if one checks the list of neighbors, the greater part of the men traded in furs.
The Voyage to France 1665
During the summer of 1665, Judith Rigaud returned to La Rochelle. The authors do not seem to agree on the reasons for the trip. Some say she went to set up business deals, on behalf of her spouse, which may sound plausible. Others say she visited her relatives to settle an inheritance. According to her testimony to the Sovereign Council on August 6, 1668, she had gone to France to settle an inheritance and learned that her property in France had been sold. This is the reason she gives for the shortage of money on her return.
Some texts claim that she left her husband and abandoned her children. Moreover, her only objective, according to the critiques is that she tries to become a seasoned trader. One text in particular insinuates that she is pregnant and the father of the child is not François because Judith has a lover who is not identified. Another says there is a conjugal separation! The gossipers argue that while Madame is travelling and spending, Monsieur continues to accumulate debts, and moreover he drinks because he is a drunkard!
The reality is that Judith went to France to settle an inheritance and for business because she knows how to read and write! So, between the two spouses, she is the most qualified person to take care of the businesses. The marriage contract specifies that she can read and write while Francois does not know. She is not a bad mother and wife because between 1655 and 1666 she gave birth to at least seven children. There was no separation of property or documented “séparation de corps” (physical separation). Like many women and men of that time, she made the crossing to visit family and do business. With regard to a separation, if she had been, she would not have been pregnant on her departure. We cannot determine whether she knew she was pregnant when she left or not. As for François, no one gave any tangible proof that he was a drunkard.
As for debts, neither François nor Judith expected that François would die in her absence. I submit that if he had not died, the business would have continued without difficulty.
In no case, must we doubt the paternity of the child Charles, born April 15, 1666 in Saint Jean du Perrot, Larochelle.
François’ Death and Judith’s Return:
At the beginning of January 1666, François’s body was found in a field, still alive with a severe head wound. The people who discovered him understood that François Lemaistre was the victim of an assault by an Iroquois. He had been knocked out and scalped. He died in Trois-Rivières on 14 January 1666 and was buried the same day. The act of his sepulcher contains the following words: “Miserabiliter trucidatus est sine ulla voce interiit”, which more or less means that he was killed in a miserable way and died without regaining his speech. Unfortunately, some writers insinuate that François was killed not by Iroquois, but someone he knew because he had enemies, he drank and played games of fortune. Again, they do not provide any documentation!
Returning to Trois-Rivières in the summer of 1666, accompanied by her baby, Judith learned that François had died during her absence. Judith Rigaud finds herself alone with six children, including baby Charles. Her children Noël and Marguerite died before 1666.
On 6 August 1668 Judith appeared before the Sovereign Council because the creditors wanted to be reimbursed following the death of François. She explains that with the little money she has taken from her inheritance in France, she paid her husband’s debts and that she had nothing left. The plaintiffs’ reply that she has a bed worth 500 pounds, beautiful clothes that she traded for furs. According to the custom of the time, the widow had a right to the bed. Judith asked for a delay in paying the debts. The Sovereign Council granted her three years to pay the debts. I assume Judith continued the family businesses because the debts were paid.
Next Week: Judith Rigaud: Part 2.
For those of you interested in receiving my stories automatically, I encourage you to subscribe to my Facebook site at
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A word to THANK all of YOU for reading my texts! For those of you who take the time to encourage me, I thank you from the bottom of my heart! I am neither a writer nor an historian! I tell stories! I try to make them as accurate as possible by doing a lot of research. However, there are sometimes errors.Some people have pointed out to me some mistakes in private and even publicly, and I have had the chance to correct the texts to make them more accurate. I thank those individuals who took the time to help me out. I also thank the persons who ask me for permission before sharing, copying, and repeating my texts |
My goodness – yet another grandmother. Judith and Francois are a set of 9 x great grandparents; then to their son Charles and Madeleine Crevier. We are cousins several times around! This is a fascinating tale – I had no information on this line, beyond their names and dates (though I confess I’d not yet got to them in my in depth research – not that I’ll ever be the researcher or story teller of your caliber!). Thanks for another amazing insight into our ancestors’ lives. I look forward to part two!
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It is fascinating to read how this woman and her husband were vilified. Thank you for setting the record straight. I love reading your articles. Please keep them coming.
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Je voudrais réitérer mon admiration inconditionnelle et sans bornes pour les femmes telles que Judith Rigaud et les hommes comme François LeMaistre. Ils représentent le caractère culturel de nos ancêtres. La majorité des Canadiens de l’époque leurs ressemblaient. Ce qu’en dit le clergé et les autorités de l’époque n’est que dénigrement élitiste. C’est ce que j’ai souligné dans tous mes écrits sur les Canadiens.
André Lefebvre
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Pingback: Partie 2: Judith Rigaud. Et la vie continue… Part 2: Judith Rigaud. And life continues… | Robert Bérubé généalogie et autres histoires
Merci beaucoup pour ce blog si bien documenté. Vous avez fait un vrai travail de généalogiste et d historien, toit en tordant le coup à certaines legendes tenaces et fausses…
J ai pu combler certains trous et interrogations sur mes ancêtres québécois, grâce à vous. Mille merci !!
Marie Sophie Boulanger
Une “cousine” qui partage bien des ancêtres avec vous.
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Vous êtes trop gentille! C’est apprécié.
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