…et la photo de famille de Louis Moisan et d’Eulalie Racette
The English version follows the French one
![]() Louis Moisan |
![]() Thomas Moisan |
![]() Famille Louis Moisan-Eulalie Racette |
Eulalie Racette fille de Louis Augustin Racette et de Marie Poliquin est née le 24 mai 1816 à l’Assomption au Québec. Le 28 juillet 1840, elle a épousé Louis Moisan à St-Jacques l’Achigan, Québec. Lorsque Eulalie a épousé Louis, elle était orpheline car sa mère est décédée en 1835 et son père en 1839. Eulalie est décédée le 8 décembre 1895 à St-Jacques l’Achigan.
Eulalie et Louis sont les parents d’Élodie, Justine, Euphémie, Eulalie, Jean Louis, Joseph, Delphis, Euclide, Marie Louise et Alix Moisan.
Louis Moisan fils d’Ignace Moisan et d’Élisabeth Bourg, (fille d’Acadiens déportés) est né le 14 janvier 1819 à St-Jacques L’Achigan. La mère de Louis est décédée en 1857 et son père est décédé en 1859. Tout ce que nous savons au sujet de son décès est qu’il est décédé après 1902. Il était vivant lors du recensement canadien de 1901 et il vivait à St-Jacques.
Son frère Thomas Moisan est né le 22 décembre 1809 à St-Jacques L’Achigan. Il a épousé Henriette Longtain fille d’André Longtain et de Nancy Okanagan, une Amérindienne, le 3 octobre 1842 à St-Paul, Marion, Orégon. Thomas est décédé le 15 janvier 1888 à Brooks, Marion, Orégon.

Henriette Longtain
Il y a plusieurs années, mon arrière grand-oncle Hormidas Lepage frère de Célina Lepage m’a remis une photo (ci-haut) de ses grands parents Louis Moisan et Eulalie Racette et leur famille. Cette photo en est une des plus vieilles de ma collection. Quelques années plus tard j’ai trouvé un site dans lequel se trouvait une lettre de Louis Moisan envoyé à son frère Thomas Moisan pionnier de l’Orégon. Ci-dessous vous trouverez la lettre et sa traduction en anglais. Au même site il y a une autre lettre envoyée par un autre frère Pierre que vous pouvez trouver au site suivant: http://freepages.genealogy.rootsweb.ancestry.com/~meilleuro/50609-01.htm
Cette lettre et la photo de la famille Moisan-Racette m’a motivé d’écrire l’histoire que vous trouverez après la lettre (ci-dessous) qui s’appelle La Vieille Photo ( vous pouvez trouver cette histoire au site http://welovewords.com/documents/la-vieille-photo)
Descendance de Louis Moisan et d’Eulalie Racette à moi! A picturesque chart, from Louis and Eulalie to me!
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Louis Moisan-Eulalie Racette |
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Euphémie Moisan-Israël Lepage |
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Célina Lepage-Pierre Fortin |
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Maria Fortin-Thomas Marion |
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Huguette Marion-Eugène Bérubé |
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Robert Bérubé- Michele Barbara |
Et ensuite mes filles Stéphanie et Véronique (Omar Lopez) et ensuite les petits enfants Omar et Isabella!
Lettre de Louis Moisan, de St-Jacques, à son frère Thomas en Orégon.
Lettre originalement écrite en français |
English translation (I did not do the translation) |
Mr Thomas Moisan Salem, OrégonSt-Jacques 27 juillet 1861Cher frèreJ’ai reçu ta lettre en date du 2 juin dans laquelle tu m’apprend l’état de votre santés qui je suis contant d’apprendre que tu est mieux et j’apprend que tes trois enfants sont à l’école que Dieu le veulent. Je te dirai que les deux plus vieux de mes garçons ont fait leur première communion le 28 juin, et ils ont été confirmés avec une de mes petites filles qui ne l’était pas encore, le 15 juillet.Au sujet des journaux, la (Minerve) que tu me dis qu’ils sont mal enveloppés ; j’en ai parlé à M. Louis Mareschal mon curé, il me dit que ses journaux là sont toujours mal enveloppés et que les papiers sont trop grand ce qui fait qui ne prenne jamais garde ; ceux qui les reçoivent, mon curé me dis, qu’il ne sont jamais bien enveloppés.M. L. Maréchal reçois les journaux du courrier du pays, il me dit que s’est bien intéressant, et les papiers sont plus petits ils sont toujours bien enveloppés. J’ai recommandé à l’agent que je voudrais bien que les journaux serais mieux enveloppés ; il a écrit tous de suite devant moi pour envoyer à Montréal. Tu me diras si je vais continuer de t’abonner à la Minerve ou une autre pour le courrier du pays. Mon curé donne 4 piastres par année pour recevoir les journaux trois fois par semaine ; à la Minerve cette année, j’ai donné 5 piastres pour t’abonné ; pour le courrier du pays, il faut être abonné à Québec.Comme j’étais dit que ma femme était malade depuis la fin de mars. Ces temps ici elle se couche et lève seule et elle raude un peu dans la maison. Depuis que je t’ai écris mon rumathisme me tombe dans les dents. Il ma rendu assez malade que je suis venu à perdre connaissance et a présent, je suis un peu mieux. Je vais enpeu à mes affaires. Je t’ai dis ce printemps que j’avais vendu une vache, j’en ai vendu une autre pour la maladie et pour achever de payer ton abonnement. Il m’en reste deux vieilles et une tare qui me donne du profit cette été. Comme je vois bien qui faudras que je les vende tous, j’ai mis quatres veaux en élève. Je t’ai dis aussi que j’avais trois mères moutonne qui m’ont amené cinq agnaux à leur trois. J’en ai perdu une de mes vieille voilà une quinzaine de jours. Je vois pas de payer la terre avant cet automne. J’ai encore mes deux jeunes chevaux que je t’ai dis, mais ils sont bien maigres par la raison qu’ils ont été mal hivernés et il y a pas d’herbes. Ont attend pas parlé que les animaux prennent leur pris, rien se vend. Je les offre dès à présent, mais personne sans soucient aussitôt que je le pourrai je le ferai parce que j’ai bien hâte de t’envoyer les quittances.Mon cher frère, c’est Dieu qui nous conduit. Je suis écrasé par la maladie et je me recommande moi aussi à tes prières. Quand j’ai porté ma lettre à M. Maréchal, je lui ai dit que tu te recommandais à mes prières. Je lui ai demandé pour m’aider à prier pour toi, il m’a dit que oui. Je ne va pas te dire plus que j’ai pour me glorifier et je ne va pas te dire moins que j’ai pour me plaindre. Tu pourra me croire. Je t’envois la vérité. Quand sa te plaira de t’informé de moi, informe toi à mon curé.Cher frère, pour mes frères et soeurs, il est vraie que je t’envois pas leur arrangements ils sont à peu près comme je t’ai déjà dis. Tercile a une bonne rante d’atacher sur sa terre et une chambre chaude tant qu’elle vivera. Elle a qu’un garçon qui est déjà bien instruits.Lisette est seule avec son marie. Elle est sur une belle place. Ils retire une petite rante tous les ans et son marie fait des corps à potasses.Rose est seule dans une maison ; elle s’engage pas au mois ni à l’année, elle travaille au mètre et à la file. Et l’été dans les travaux, elle va en journée et elle a une vache à elle.Joseph avait une bonne terre et un lot au bord des Montagnes. Il a donné celas à son garçon pour se faire vivre, et moyennant de donné chacun un ménage à chacun de ses enfants.Pierre est sur un beau bien car il c’était acheté une terre de deux arpents voilà quelqu’année, il s’est agrandis. Il s’est acheté une arpent qui lui tenait, qui lui fait un beau bien. Il ensemence sa terre et presque tous les ans il en sème une autre sois à moitié ou au tiers. Il a un grand garçon qu’à bonne santé et il est fort d’animaux qui fait que ses années ici il réussit bien. Cette été il a une de ses filles qui a prit une école. Elle va gagné vingt louis pour un an quand elle a laissé d’aller à l’école. Il avait les forces de la mettre au couvent pour la rachevé de perfectionner.Luc est sur la montagne sur un lot il sème un peu tous les ans. Il fait du bardeaux. Il vient le vendre par chez nous. Il est pas chanceux. Il peut pas élevé d’animaux.Ignace, il est toujours a loyer. Tu sait ce que s’est un pauvre homme, quelquefois on s’endette. Quelquefois mal vient a bout de payer. Ce printemps, il était décidé de venir ce bâtir ; il s’est acheté une vieille maison mais à présent, il me dit qu’il se bâtiras pas cette été parce qu’il a pas assez de force et il dit qui va rachevé de m’écrasé dans la maladie que je suis. Il dit que je ferai pas autrement que de lui aider et lui fournir. Je crois bien qu’il va attendre au printemps prochain.Voilà comme mes frères et soeurs vivre et je crois qu’ils fréquente tous bien les sacrements. Tous mes frères et sœurs sont en bonne santé et font de leur respects.Je suis ton tendre frèreLouis Moisan qui ne t’oublieras jamais.Cher oncle. Je vous pris bien de m’excuser et de me pardonner, car la dernière lettre que je vous ai écrite, il y avait beaucoup de fautes, Lorsque cette lettre fut partie, je me suis souvenu que le nom de papa y était pas. J’étais si occupé tous les petits enfants faisaient que pleurer, étant bien occupé ce qui fait que je n’ai pas mis le nom de papa.Adieu cher oncle et tente.Cousins et Cousine. |
To Mr Thomas Moisan Salem, Oregon, USASt.Jacques, July 27, 1861Dear BrotherI received your letter of June 2nd in which you tell me the state of your health and I am happy to learn that you are better. And I learned that your three children are going to school, God willing. I will tell you that the two oldest of my boys did their first communion on June 29th and that they were confirmed with one of my little girls who had not been confirmed yet on July 15th.As for the newspapers, The Minerva, that you told were poorly wrapped, I spoke of it to Louis Marechal, my country priest, he tells me that those papers are always poorly wrapped and that they are too big, which makes the ____ to be badly handled. Those who received them, my country priest tells me, say they are never well wrapped.Mr. L. Marechal receives the local newspapers and tells me they are very interesting and the newpapers being smaller are always well wrapped. I asked the agent, that I would like very much that the newspapers would be better wrapped. He wrote immediately in my presence a letter to Montreal. You must tell me if I am going to go on with your subscription to The Minerva or change to another one. For the local mail my country priest, pays 4 dollars per year to get the newspapers three times a week for The Minerva this year I gave 5 dollars for your subscription, for the local news you have to subscribe in Quebec.As I told you my wife has been sick since the end of March. Now, she goes to bed and gets up by herself and is able to get around a little bit in the house. Since I wrote to you, my rheumatism went to my teeth and got me so sick that I passed out. Right now I am a little better. I take care of my affairs a little. I told this spring that I had sold a cow. I sold another one because of the illness and to be able to finish paying your subscription. I have two old ones (cows) left and one bull which will be profitable this summer. Since I can see that I will have to sell them all, I am raising four calves. I also told you that I had three mother sheep that gave me five lambs. I lost one of my old ones about two weeks ago. I don’t see that I will be able to pay you for the land before this fall. I still have two young horses, as I told you but they are very scrawny because of the bad winter. There was no grass. We don’t expect to get a full price for the animals, nothing sells, I have them on the market right now and no one cares. As soon as I can, I will do it because I am eager to send you your receipt for amount.My dear brother, it is God who directs us, I am wrecked by sickness and I ask for your prayers. When I took my letter to Mr. Marechal, I told him you were asking for my prayers and I asked him to help me pray for you. He told me yes. I don’t want to tell you more than I have to glorify myself and I don’t want to tell you less than I have to complain. You can believe me I am telling you the truth. When you feel like finding out about me as my country priest.Dear brother, for my brothers and sisters, it is true that I am not sending you their livelihood, they are about the same as I already told you. Tercile (Tharsile) has a good pension from her land and a warm room as long as she will live, she has a big boy who is well instructed.Lisette is alone with her husband. She has a good job (domestic work). They have a small yearly pension and her husband makes a body ( ?) with potash.Rose is alone in a house. She doesn’t work by the month or year she works by the meter (weaves ?) and spins. In the summer she works by the day. She has a cow of her own.Joseph had some good land and a plot near the mountains ; he gave them to his son to help him live and in exchange for him to give each of the (his ?) children a living.Pierre owns a beautiful piece of land of two acres a few years back. He has enlarged and bought another acre which gives him a beautiful piece of land. He plants his land and almost every year he plants another one either by half or by thirds. He has a big boy in good health and many animals so he is doing well here. This summer one of his daughters who went to school is going to earn twenty louis a year when she is through with school. He is wealthy enough to put her in a convent for her education.Luc is in the mountains on a plot that he plants a little bit every year. He makes shingles. He sells it in our area. He is not lucky and can’t raise animals.Ignace, you know how it is. He is a poor man, in debt, and is sometimes able to pay them. This spring he had decided to build. He had bought an old house but now he tells me that he will not build this summer because he is not strong enough. And what he says will push me more into the sickness I am because he says that I cannot do otherwise than to help him. I think he will wait until next spring.This is how my brothers and sisters live. They follow the sacraments. All are in good health.I am your tender brotherLouis Moisan who will never forget you.Dear Uncle. Please forgive and pardon me because in the last letter I sent you there were many mistakes. After the letter was gone I remembered that the name of my father was not in it. I was so busy, all the grandchildren were crying all the time. I was so busy and that’s why I did not put in the name of my father.Goodby dear uncle and aunt and cousins. |
Bonne lecture!
La semaine prochaine : 1756: Le destin tragique d’Élisabeth Rivard (Laglanderie): 1756 Her Tragic Destiny…
La vieille photo
par Robert Bérubé
Une photo en noir et blanc révélant un passé vieux de plus d’un siècle. Dans la photo, il y a deux personnes assez âgées. Elles sont assises sur des chaises de bois devant une maison en bois. La vieille femme porte un bonnet. Son mari, un homme à la barbe blanche, porte un grand chapeau. Il y a deux enfants. Une fille et un garçon au seuil de l’adolescence. Il y a aussi deux jeunes hommes, affichant des moustaches, des complets et des chapeaux melon. Il y a quatre jeunes femmes. Les robes sont longues reflétant la mode du temps. Toutes les personnes portent des souliers et elles sont endimanchées. Tous ont un air très sérieux sauf la vieille qui affiche un début de sourire. Quelle était l’occasion qui a engendré cette photo? Un mariage? Des funérailles? Impossible de déterminer en regardant cette photo.
Depuis un très jeune âge, j’ai été un passionné de la généalogie. Lorsque j’avais 18 ans, l’oncle maternel de ma grand-mère maternelle, Hormidas Lepage, me donna une copie d’une photo de la famille de ses grands-parents maternels accompagnés de quelques membres de leur famille. Il m’a dit : «Y’a pu personne qui veut ça sauf toi! » Il ajouta : «C’est une copie d’une photo qui a été envoyée à des gens de la famille exilée aux États-Unis. » Je voulais des précisions concernant la photo. Qui étaient les personnes dans la photo? Quelle était la circonstance? En quelle année la photo avait-elle été prise? Malgré son âge avancé, Hormidas était centenaire et plus, il possédait une mémoire encyclopédique de son histoire familiale.
«Tout ce que je sais c’est que les deux vieux sont Louis Moisan et Eulalie Racette! Pour les enfants, je ne pourrais pas te dire qui est qui. La photo a été prise à St-Jacques-L’Achigan au Québec! Pour l’année, je sais que c’est avant le départ de mes parents qui sont déménagés au Massachusetts vers 1877. Ils étaient allés travailler dans les usines de tissage. »
La mère d’Hormidas, Euphémie Moisan, était aussi la fille d’Eulalie Racette et de Louis Moisan. Cette Euphémie que je ne pouvais identifier dans la photo, et ce, à cause des ressemblances avec ses sœurs avait épousé Israël Lepage. Euphémie et Israël, accompagnés de leurs filles, avaient quitté St-Jacques comme plusieurs Québécois du temps et s’étaient aventurés au Massachusetts afin de survivre. Ils étaient des réfugiés économiques et la vie aux États-Unis pour cette famille n’était pas plus facile qu’elle ne l’avait été au Québec. Célina Lepage, la fille aînée d’Euphémie et d’Israël, avait raconté les péripéties de sa vie à ses enfants et à ses petits-enfants, et à ma mère Huguette Marion. Maman nous avait régalés avec les histoires d’aventures de sa grand-mère aux États. Pendant de nombreuses années tout ce que je savais, c’est que Célina et ses sœurs avaient travaillé dans des usines de textile à Holyoke, au Massachusetts. Ce n’était pas une vie facile. Ils vivaient dans une communauté d’exilés canadiens francophones parsemée d’immigrants de diverses origines européennes. Célina connaissait un peu l’anglais, assez pour travailler. Elle avait appris une chanson bilingue et elle la chantait à ses descendants.
‘I went to the market mon petit panier sous mon bras. I went to the market mon petit panier sous mon bras. The first girl I met was la fille d’un avocat. I love you et vous ne m’entendez guère, I love you et vous ne m’entendez pas…’
La famille Moisan-Lepage a vécu aux États-Unis pendant dix ans. Les conditions de vie étaient très difficiles et dans les usines, le travail encore plus dangereux. De plus, un des moulins avait brûlé et plusieurs personnes avaient péri. Le manque de sécurité financière et physique, l’isolement, la pression du clergé de rapatrier les exilés furent les raisons principales qui ont motivé leur retour au Canada. Une odyssée monumentale les attendait car la famille retournait au Canada mais non au Québec. Ils devenaient des pionniers d’une nouvelle colonie dans le nord de l’Ontario. Ils quittaient une ville américaine moderne, en pleine révolution industrielle, pour vivre dans un pays où il n’y avait que peu de population. En quelque sorte, ils devenaient les premiers habitants dans un territoire immense et éloigné avec une profusion de lacs, peu de terres cultivables, des forêts immenses et des maringouins gros comme des rats. Tout était à découvrir. Tout était à construire. Un avenir se dressait.
Pendant de nombreuses années les seuls renseignements et documents que je possédais au sujet de cette famille ancestrale étaient la chanson de Célina Lepage, la courte histoire concernant l’exil et bien entendu la photo des Racette-Moisan. Trois éléments qui manquaient de liens entre eux.
Et la vie continua…
Lorsque j’avais le temps, je m’adonnais à mon passe-temps d’apprenti généalogiste et je faisais des découvertes. La première fut le recensement américain de 1880. Ce document me révéla que la famille Moisan-Lepage vivait à Chicopee Hampden dans l’État de Massachusetts. Israël (33 ans) et ses filles Célina (16 ans) et Délia (15 ans) travaillaient dans un ‘cotton mill’, une usine de tissage de coton. Les sœurs Louisia (11 ans), Parmélia (9 ans) et Wivina (Ouivina) (7 ans) fréquentaient l’école et les deux plus jeunes Malvina (4 ans) et Luména (2 ans) vivaient à la maison. Une dernière fille Alexina est née au Massachusetts après le recensement. Dans le document l’épouse d’Israël se prénomme «Molzer» (34 ans) et son rôle était de «keeping house» donc elle était ménagère du foyer. Ce prénom m’était étrangé et il me fascinait. Je ne voyais aucun lien phonétique entre Euphémie et Molzer. Ce n’est qu’en feuilletant davantage le document que j’ai constaté que presque toutes les épouses originaires du Canada français portaient le nom Molzer. Une mère en anglais est «mother». Certes, le recenseur comprenait mal l’accent francophone et toutes les «mother» héritèrent du prénom Molzer. Notre bonne Euphémie Moisan s’était faite américaniser et fut transformée statistiquement en Molzer Lepage.
Le deuxième document trouvé fut un condensé d’histoire produit par la société historique du Nouvel-Ontario intitulé «Verner et Lafontaine». On y raconte :
«Grand branle-bas dans la colonie. M.I. Lepage arrivait avec ses huit filles. Huit filles dans une paroisse de colons. Que de mariages en perspective…»
La chroniqueuse oublie de mentionner le fait que Monsieur I. Lepage et ses huit filles étaient aussi accompagnés de son épouse et de leur mère Euphémie Moisan. Ayant vécu la transformation de son nom, la pauvre femme était maintenant reléguée à l’oubli. Tel est le sort de plusieurs de nos pionnières en terre Nord-Américaine. L’histoire est injuste envers nos mères! L’arrivée des Moisan-Lepage en territoire de colonisation eu lieu en 1887. Personne n’a décrit la route précise et les défis encourus par cette famille lorsqu’ils ont quitté Chicopee Hamden au Massachusetts pour se rendre à Verner, en Ontario. Ce qui est dit cependant c’est qu’ils sont arrivés durant la nuit et qu’il n’y avait ni hôtel, ni maison, ni famille qui les attendaient. Le train arrêta à une vingtaine de kilomètres de leur destination finale. La dernière partie de leur périple est presque incroyable. Les dix membres de la famille ont dû se transporter eux-mêmes, en utilisant deux vélocipèdes manuels sur les rails. La rédactrice précise qu’un voisin «ne put leur offrir que le plancher de la cuisine ce que la famille Lepage accepta avec plaisir». Chaque fois que je relie ce passage je suis très ému. Les défis qu’ils ont surmontés dénotent la dureté d’une vie de colonisation et d’une terre inhospitalière, mais aussi leur force de caractère et, surtout leur détermination de surmonter des obstacles en dehors de toutes mesures humaines.
À Verner, la vie des Moisan-Lepage continua…
En 1888, Euphémie Moisan donna naissance à un fils, Hormidas Lepage. Hormidas bien entendu, était l’arrière grand-oncle qui m’avait donné la photo. Les huit filles Lepage se sont trouvé des conjoints et à elles sont seules les ancêtres d’une bonne partie de la population du Nouvel-Ontario.
Connaissant ma passion pour la généalogie, plusieurs descendants de cette famille me firent don de photos, et je les en remercie. Le séjour des filles Moisan-Lepage aux États-Unis était bel et bien documenté. Adolescentes, Célina et ses sœurs profitèrent un peu de la vie américaine. Le legs pour la postérité, de leur exode à Chicopee Hamden, fut une trentaine de belles photos prises par un photographe professionnel.
Il y a quelques mois, je recherchais des renseignements additionnels au sujet d’Euphémie Moisan et de ses parents Louis Moisan et Eulalie Racette. Ma grande découverte fut celle d’apprendre qu’Euphémie Moisan et son époux Israël Lepage n’étaient pas les premiers membres de cette famille à s’exiler aux États-Unis. Louis Moisan avait un frère qui avait quitté St-Jacques l’Achigan en 1838. Il s’appelait Thomas Moisan. Son histoire témoigne d’une vie extraordinaire.
En 1838, âgé de 28 ans, Thomas Moisan s’est rendu à New-Orleans en Louisiane pour assumer le poste de trappeur pour la «American Fur Company». En 1839, il traversa les Rocheuses pour se rendre à Fort Vancouver, voyage long et très périlleux. Durant ce temps, il a occupé les fonctions de mineur en Californie, d’employé chez McLoughlin et ensuite d’engagé chez la «Hudson’s Bay Company». En 1842, il a établi une réclamation territoriale à Salem en Orégon, devenant fermier et propriétaire d’un grand domaine. Le 3 octobre 1842, Thomas avait épousé Henriette Longtain fille d’André Longtain et de Nancy Okanagan. Durant sa vie, Thomas a géré plusieurs entreprises et est devenu riche. Il a construit une très belle maison qui, à l’époque a fait beaucoup d’envieux. Cette maison est maintenant un musée. Thomas Moisan est aujourd’hui considéré comme un des pionniers et fondateurs de l’État de l’Orégon.
Bien que la vie extraordinaire de Thomas Moisan mérite une attention toute particulière, tel n’est pas le but premier de mes propos. Une autre découverte m’attendait! En approfondissant mes recherches j’ai découvert que Thomas Moisan entretenait une correspondance avec ses neveux et ses frères dont Pierre de Montréal et Louis Moisan de St-Jacques. Mon Louis Moisan! Celui qui était le père d’Euphémie Moisan, grand-père de Célina Lepage, qui était la mère de Maria Fortin, qui avait donné naissance à Huguette Marion, ma mère.
Le 27 juillet 1861, Louis Moisan avait rédigé une longue lettre à son frère Thomas. Cette lettre donne un aperçu de la vie de mon ancêtre Louis, de son épouse Eulalie Racette, ses enfants et ses frères et sœurs. Il parle du quotidien, du journal ‘La Minerve’, du curé, de ses vaches, de ses agneaux et de ses chevaux et de ce qui lui tient à coeur. Il rapporte des détails concernant la santé et la condition de vie de ses proches. Le vocabulaire et les expressions sont empreints de catholicité, d’archaïsme et de terroir. Ce qui est des plus touchants c’est la salutation de la fin :
«Je suis ton tendre frère
Louis Moisan qui ne t’oubliera jamais.»
Le lecteur se demande si les deux frères se sont revus au moins une fois avant de mourir. Je doute…
Une seconde lettre écrite par un autre frère, Pierre, le 25 mars 1888 est adressée à la veuve de Thomas Moisan, Henriette Longtain. Pierre parle du deuil éprouvé suite à la mort de Thomas. Henriette dans une correspondance antérieure avait demandé aux Moisan de lui faire parvenir des photos de famille. Pierre confirme que les photos de famille lui seront remises dans quelques temps par le Missionnaire Monsieur Delorme. Il termine sa correspondance en indiquant qu’il est son beau-frère pour la vie.
Une photo en noir et blanc révélant un passé vieux de plus d’un siècle. Dans la photo, il y a deux personnes assez âgées. Elles sont assises sur des chaises de bois devant une maison en bois. La vieille femme porte un bonnet. Son mari, un homme à la barbe blanche, porte un grand chapeau. Il y a deux enfants. Une fille et un garçon au seuil de l’adolescence. Il y a aussi deux jeunes hommes, affichant des moustaches, des complets et des chapeaux melons. Il y a quatre jeunes femmes. Les robes sont longues reflétant la mode du temps. Toutes les personnes portent des souliers et elles sont endimanchées. Tous ont un air très sérieux sauf la vieille qui affiche un début de sourire. Quelle était l’occasion qui a engendré cette photo? Un mariage? Des funérailles? Impossible de déterminer en regardant cette photo.
Je pouvais maintenant conclure que la photo de Louis Moisan, d’Eulalie Racette et de leurs enfants avait été prise avant 1877, avant le départ d’Euphémie Moisan et d’Israël Lepage. Un des destinataires de cette photo était, sans aucun doute, Thomas Moisan. Le fait de recevoir une photo était la seule façon de voir sa famille lorsque l’on vivait aux deux extrêmes d’un continent durant les débuts d’une colonisation en terre américaine. Mais, quel précieux témoignage!
écrit en juin 2014. Robert Bérubé
1861 : A Letter and Picture from the Past
Eulalie Racette daughter of Louis Augustin Racette and Marie Poliquin was born on May 24, 1816 in Assumption, Québec. On July 28, 1840, she married Louis Moisan in St-Jacques l’Achigan, Québec. When Eulalie married Louis, she was an orphan because her mother died in 1835 and her father in 1839. Eulalie died on December 8, 1895 in St-Jacques l’Achigan.
Eulalie and Louis are the parents of Élodie, Justine, Euphémie, Eulalie, Jean Louis, Joseph, Delphis, Euclide, Marie Louise and Alix Moisan.
Louis Moisan son of Ignace Moisan and Elisabeth Bourg, (daughter of deported Acadians) was born on January 14, 1819 in St-Jacques L’Achigan. Louis’ mother died in 1857 and his father died in 1859. He was alive during the 1901 Canadian census and lived in St Jacques. He died after 1902.
His brother Thomas Moisan was born on December 22, 1809 in St-Jacques L’Achigan. He married Henriette Longtain daughter of André Longtain and Nancy Okanagan, an Amerindian on October 3, 1842 in St. Paul, Marion, Oregon. Thomas died on January 15, 1888 in Brooks, Marion, Oregon.
Several years ago, my great-uncle Hormidas Lepage, Célina Lepage’s brother gave me a picture (above) of his grandparents Louis Moisan and Eulalie Racette and their family. This photo is one of the oldest in my collection.
A few years later, I found a letter on a genealogy site that my ancestor Louis Moisan sent to his brother Thomas Moisan, a pioneer of Oregon. Below you will find the letter and its translation in English. At the same site there is another letter sent by another brother … that you can find at the same site: http://freepages.genealogy.rootsweb.ancestry.com/~meilleuro/50609-01.htm
This prompted me to write a short story called La vieille photo (The Old Photo) which was published on the following site. I translated it for this document but I am not a translator!
The Old Photo ttp://welovewords.com/documents/la-vieille-photo)
I hope that you enjoy reading it!
Next week: 1756: Le destin tragique d’Élisabeth Rivard (Laglanderie): 1756 Élisabeth Rivard’s Tragic Destiny…
The old photo (translation)
by Robert Bérubé
A black and white photo revealing a past of more than a century. In the photo, there are two elderly people. They sit on wooden chairs in front of a wooden house. The old woman wears a bonnet. Her husband, a man with a white beard, wears a big hat. There are two children. A girl and a boy on the threshold of adolescence. There are also two young men, with mustaches, suits and bowler hats. There are four young women. The dresses are long, reflecting the fashion of the time. All the people are wearing shoes and their Sunday best. All of them show a very serious look except the old woman who displays what seems to be the beginning of a smile. What was the occasion that spawned this photo? A marriage? A funeral? It is impossible to determine the occasion by looking at the photo.
From a very young age, I was a passionate genealogist. When I was 18, the maternal uncle of my maternal grandmother, Hormidas Lepage, gave me a copy of a photo of the family of his maternal grandparents shown with some members of their family. He said, “There’s nobody who wants those souvenirs except you!” He added, “This was a copy of a photo that was sent to exiled family in the United States I wanted some details about the picture What was the circumstance? When was the photo taken? Despite his advanced age, because Hormidas was over one hundred years old, he displayed an encyclopaedic memory of his family history.
Hormidas stated: “ All I know is that the two old folks are Louis Moisan and Eulalie Racette. As for the children I could not tell you who is who.The photo was taken in St-Jacques-L’Achigan in Québec. As for the year, I know that it was before my parents departure when they moved to Massachusetts around 1877. They had gone to work in the weaving mills. “
Hormidas’ mother, Euphémie Moisan, was also the daughter of Eulalie Racette and Louis Moisan. This Euphémie, that I could not identify in the photograph, because of her resemblance to her sisters, had married Israël Lepage. Euphémie and Israël, accompanied by their daughters, had left St. Jacques as had many Québécois of the time and had ventured into Massachusetts in order to survive. They were economic refugees and life in the United States was no easier than it had been in Québec. Célina Lepage, the eldest daughter of Euphémie and Israël, had recalled and shared the adventures of her life with her children and grandchildren one of whom was my mother Huguette Marion. Maman had entertained us with her grandmother’s stories of adventures in the States. For many years all I knew was that Célina and her sisters had worked in textile factories in Holyoke, Massachusetts. It was not an easy life. They lived in a community of French-Canadian exiles dotted with immigrants from various European backgrounds. Célina knew a little English, enough to work. She had learned a bilingual song and had sung it to her descendants.
“I went to the market mon petit panier sous mon bras. I went to the market mon petit panier sous mon bras. The first girl I met was la fille d’un avocat. I love you et vous ne m’entendez guère, I love you et vous ne m’entendez pas…”
The Moisan-Lepage family lived in the United States for ten years. The living conditions were very difficult and even more dangerous in the textile industries. In addition, one of the mills had burned and several people had perished. The lack of financial and physical security, isolation, and pressure from the clergy to repatriate the exiles were the main reasons for their return to Canada. A monumental odyssey awaited them as the family returned to Canada but not to Québec. They became pioneers of a new settlement in northern Ontario. They were leaving a modern American city, in full industrial revolution, to live in a country where there was little population. In a way, they became the first inhabitants in an immense and remote territory known for its a profusion of lakes, not much cultivated land, immense forests, and gigantic mosquitoes. Everything was to be discovered. Everything had to be built. This was the beginning of new future.
For many years, the only information and documents that I possessed regarding this family of ancestors were Célina Lepage’s song, the short story about their exile and return and the Racette-Moisan photo.
And life went on …
When I had the time, I devoted myself to my hobby as an apprentice genealogist and I made discoveries. The first was the American census of 1880. This document revealed to me that the Moisan-Lepage family lived in Chicopee Hampden, Massachusetts. Israël (33) and his daughters Célina (16) and Délia (15) worked in a cotton mill, a cotton weaving plant. Their sisters Louisia (11), Parmélia (9) and Wivina (Ouivina) (7) attended school and the two youngest ones Malvina (4 years) and Luména (2 years) lived at home. One last daughter Alexina was born in Massachusetts after the census. In the document the wife of Israël is named “Molzer” (34 years) and her role was “keeping house” so she was a housewife. That name was foreign to me and it fascinated me. I did not see any phonetic link between Euphémie and Molzer. It was only by flipping through the document that I noticed that all the French-Canadian mothers were identified with the name Molzer. Of course, the enumerator did not understand the French-speaking accent and all the “mothers” inherited Molzer’s as a first name. Our good Euphémie Moisan had been Americanized and was statistically transformed into Molzer Lepage.
The second document that I discovered was a summary of a history produced by the Historical Society du Nouvel-Ontario entitled “Verner and Lafontaine. ” It stated: (translation) “Great commotion in the colony, Monsieur I. Lepage has arrived with his eight daughters. So many marriages should occur!”
The columnist forgets to mention the fact that Mr I. Lepage and his eight daughters were also accompanied by his wife and their mother Euphémie Moisan. Having lived with the transformation of her name, the poor woman was now relegated to oblivion. This is the fate of many pioneers in North American soil. History is unfair to our mothers! The arrival of the Moisan-Lepage in colonisation territory took place in 1887. No one has written about the challenges surmonted by this family when they left Chicopee Hamden in Massachusetts to travel to Verner, Ontario. What is stated though is that the family arrived during the middle of the night and that there was no hotel, no house and no family to greet them. The train stopped twenty kilometers from their final destination. The last part of their journey is almost incredible. The ten members of the family had to transport themselves, using two manual rail carts! The writter states that a neighbor “could only offer them the floor of their kitchen as lodging.. .and that the Lepage family accepted this offer with pleasure”. Every time I read this passage I am very moved. The challenges they overcame denote the harshness of life of pionneers in an inhospitable land, and also all their determination to overcome obstacles beyond ordinary human measure.
In Verner, the life of Moisan-Lepage continued …
In 1888, Euphémie Moisan gave birth to a son, Hormidas Lepage. Hormidas of course, was the great great-uncle who had given me the picture. The eight Lepage daughters had found spouses and are the ancestors of much of Northern Ontario’s population.
Knowing my passion for genealogy, many descendants of this family donated pictures to me, and I thank them for it. The Moisan-Lepage girls’ stay in the United States was well documented. The legacy for posterity, of their stay in Chicopee Hamden, are some thirty beautiful photographs taken by a professional photographer on tin plates.
A few months ago, I was looking for additional information about Euphémie Moisan and her parents Louis Moisan and Eulalie Racette. Euphémie Moisan and her husband Israël Lepage were not the first members of this family to go into exile in the United States. Louis Moisan had a brother who had left St-Jacques l’Achigan in 1838. His name was Thomas Moisan. His life history is a testimony to an extraordinary life.
In 1838, aged 28, Thomas Moisan traveled to New Orleans, Louisiana to assume the post of trapper for the American Fur Company. In 1839, he crossed the Rocky Mountains to Fort Vancouver, a long and perilous journey. During this time, he worked as a miner in California, as an employee of McLoughlin, and later as an employee of the Hudson’s Bay Company. In 1842, he established a territorial claim in Salem, Oregon, becoming a farmer and owner of a large estate. On October 3, 1842, Thomas married Henriette Longtain, daughter of André Longtain and Nancy Okanagan . During his life, Thomas managed several companies and became rich. He built a very nice house which at the time made some people envious. This house is now a museum. Thomas Moisan was a pioneer of the State of Oregon.
Although the extraordinary life of Thomas Moisan deserves special attention, this is not the primary purpose of this text. Another discovery awaited me! In deepening my research I discovered that Thomas Moisan had a correspondence with his nephews and brothers including Pierre from Montréal and Louis Moisan from St-Jacques. My Louis Moisan! He was the father of Euphémie Moisan, grandfather of Célina Lepage, who was the mother of Maria Fortin, who had given birth to Huguette Marion, my mother.
On July 27, 1861, Louis Moisan wrote a long letter to his brother Thomas. This letter gives an insight into the life of my ancestor Louis, his wife Eulalie Racette, his children and his brothers and sisters. He talks about everyday life, about the newspaper ‘La Minerve’, about the priest, about his cows, his lambs and his horses and what he loves. He reports on the health and living conditions of his family. The vocabulary and the expressions are marked by catholicity, archaism and ‘terroir‘. What is most touching is the greeting of the end:
“I am your tender brother
Louis Moisan who will never forget you. ”
The reader wonders if the two brothers ever met again, at least once, before they died. I doubt it…
A second letter written by another brother, Pierre, on March 25, 1888 is addressed to the widow of Thomas Moisan, Henriette Longtain. Pierre speaks of the mourning experienced after the death of Thomas. Henriette in an earlier correspondence had asked the Moisans in Québec to send her family pictures. Pierre confirms that the family pictures would be handed to her in a short while by the Missionary Mr. Delorme. He ends his correspondence by indicating that he will remain her brother-in-law for life.
A black and white photo revealing a past of more than a century. In the photo, there are two elderly people. They sit on wooden chairs in front of a wooden house. The old woman wears a bonnet. Her husband, a man with a white beard, wears a big hat. There are two children. A girl and a boy on the threshold of adolescence. There are also two young men, with mustaches, suits and bowler hats. There are four young women. The dresses are long, reflecting the fashion of the time. All the people are wearing shoes and their Sunday best. All of them show a very serious look except the old woman who displays what seems to be the beginning of a smile. What was the occasion that spawned this photo? A marriage? A funeral? It is impossible to determine the occasion by looking at the photo.
I could now conclude that the photograph of Louis Moisan, Eulalie Racette and their children had been taken before 1877, before the departure of Euphémie Moisan and Israël Lepage. One of the recipients of this photograph was, without a doubt, Thomas Moisan. Receiving a photograph was the only way to see one’s family when siblings lived at the two extremes of the large North American continent.
Written in June 2014 : Robert Bérubé